Publié le 20 mars 2019

Les enjeux de la logistique urbaine

Hier, la logistique urbaine consistait principalement à optimiser les tournées de livraison. Aujourd’hui, avec l’explosion du e-commerce et ses impacts sur la circulation en ville, elle fait l’objet d’une réflexion nouvelle à laquelle La Poste prend part avec les collectivités.

La Poste n’a pas attendu les premières dispositions réglementaires, incitatives ou contraignantes, pour réduire l’impact environnemental des activités logistiques liées à sa distribution urbaine. Consciente de sa responsabilité sociale, elle a décidé dès 2004 de s’engager dans la voie du développement responsable.

De fait, La Poste détient aujourd’hui la plus grande flotte de véhicules électriques au monde. Elle compense depuis 2012 la totalité de ses rejets carbonés. Et elle est le seul opérateur postal, à l’échelle internationale, dont l’impact sur l’environnement, mesuré par l’agence CDP, lui a permis d’obtenir la note maximale A pour sa politique carbone !

La Poste, l'une des premières flottes de véhicules électriques au monde

Au niveau global, cela veut dire que son activité de distribution colis-courrier est neutre pour la planète. Au niveau local, cela signifie qu’elle rejette beaucoup moins de CO2 et de particules fines, notamment là où leur concentration est la plus susceptible d’occasionner des problèmes sanitaires : en environnement urbain [01].

Pour autant, cette exemplarité environnementale ne résout pas tout. Avec l’explosion du e-commerce, véhicules électriques ou non, la congestion du trafic urbain augmente inexorablement. Et comme les moteurs thermiques ont toujours droit de cité, elle reste synonyme de pollution atmosphérique et de nuisances sonores. Conscientes des risques, certaines municipalités restreignent déjà l’accès des véhicules à leurs centres-villes, mais elles doivent aussi permettre à chacun, commerçant ou particulier, d’être livré dans les délais, ce qui complexifie l’équation… qu’il faut pourtant résoudre ! En 2025, les volumes de colis auront doublé et, si on ne fait rien, les véhicules de livraison seront deux fois plus nombreux dans les rues.

Moins de véhicules de livraison en circulation… oui, mais comment ? En attendant l’avènement des consignes mobiles autonomes, encore très science-fictionnelles, La Poste cherche à réduire les tournées de livraison en quatre-roues motorisés. Outre l’optimisation des tournées propre à toute activité logistique, elle met en œuvre pour cela trois moyens d’action :

  • la mutualisation des emports ;

  • l’augmentation de la part de livraisons en mode doux ;

  • la réduction du nombre de relivraisons.

  1. (1)La pollution atmosphérique, dont la première source est le trafic routier, ferait perdre 15 mois d’espérance de vie aux citadins des villes de plus de 100 000 habitants (Rapport 2018 sur la qualité de l’air en Europe publié par l’Agence européenne pour l’environnement).

Mutualiser les emports

La mutualisation des emports permet de charger les véhicules au maximum de leurs capacités, afin de réduire leur nombre en circulation. Aujourd’hui, les facteurs distribuent les Colissimo de La Poste, mais aussi les colis de sa filiale Chronopost, grâce à la convergence de leurs systèmes d’information, et notamment des données de suivi des colis. Cette mutualisation entre entités du Groupe La Poste s’étend aux plateformes de tri, avec l’exemple de l’hôtel logistique urbain (HLU) de Bordeaux. Situé non loin du centre urbain, celui-ci accueille les semi-remorques de Colissimo, Chronopost et DPDgroup dont les chargements sont triés et répartis en tournées avant d’être livrés dans Bordeaux à bord de véhicules électriques. C’est cette mutualisation vertueuse que La Poste et ses partenaires proposent à d’autres entreprises à travers la société Urby (voir plus loin).

Augmenter la part de livraisons en mode doux

Cette logistique mutualisée est d’autant plus efficace, pour décongestionner le trafic, qu’elle s’accompagne de dépôts relais en centre-ville. Les colis y sont transportés en quatre-roues motorisés, avant d’être répartis en plusieurs tournées effectuées en mode doux : trois-roues, deux-roues ou… deux jambes. C’est l’expérimentation qui est actuellement menée dans Paris intra-muros avec des micro-dépôts de 100 à 200 m2 : les colis y sont déposés par Colissimo, Chronopost et DPDgroup en camions électriques ou GNV, puis ils sont triés par tournées et distribués en triporteurs ou en piétonnier [lire l’article La Poste agit pour la qualité de l’air du Grand Paris].

Ces modalités de distribution permettent par ailleurs de proposer des services élargis aux commerçants, comme c’est le cas aujourd’hui à Bordeaux avec l’espace logistique de proximité (ELP) de la rue Fondaudège. Cette petite structure, située à proximité du centre historique de Bordeaux, propose aux commerçants pénalisés par les travaux de la ligne D du tramway un ensemble de services qui leur permettent de poursuivre leur activité : réapprovisionnements, collecte de leurs emballages, livraison de leurs clients à domicile, etc.

Réduire au maximum les relivraisons

Enfin, concernant les relivraisons, il est évident que présenter plusieurs fois le même colis à un destinataire absent représente des nuisances urbaines inutiles. Pour éviter cette situation, les destinataires ont désormais la possibilité de choisir le jour voire le créneau horaire de livraison, de se faire livrer directement dans un point de retrait (bureau de poste ou commerçant), ou de récupérer leur colis dans une consigne Pickup ouverte 24H/24.

La Poste partenaire des collectivités

On le voit à travers l’ensemble de ces exemples, quand il est question de développement urbain, La Poste reste, en toutes circonstances, partenaire des collectivités. Elle accompagne l’explosion de l’e-commerce, qui constitue pour elle un levier de croissance, mais elle reste attentive aux menaces que cette évolution fait peser sur elles, notamment en matière d’attractivité : saturation du trafic, rejets polluants, nuisances sonores, fermetures des commerces… les cœurs de certaines grandes villes sont menacées de désertification. De fait, quand une municipalité n’autorise les livraisons dans le centre-ville qu’en matinée, ou uniquement aux véhicules électriques ou GNV, La Poste en prend acte et définit, avec elle, un nouveau schéma de logistique urbaine qui préserve les intérêts de la commune et de ses administrés. À ce jour, La Poste a passé pas moins de 17 conventions et accords de logistique urbaine avec des métropoles, comme celle de Lille ou de Saint-Étienne.

Urby, la logistique vertueuse pour tous

Pour autant, le problème est global, et si La Poste effectue 60% des livraisons de colis en France, d’autres véhicules que les siens sillonnent les centres-villes. De fait, de nombreuses métropoles ont lancé des appels à projets en vue de redéfinir les conditions d’une logistique urbaine raisonnée pour l’ensemble des flux de colis et de marchandises qui parcourent leurs agglomérations. À ces appels à projets, La Poste répond en s’associant à des partenaires nationaux et locaux. Elle le fait, depuis février 2019, à travers la société Urby, qui rassemble plusieurs actionnaires.

Avec Urby, toutes les livraisons en centre-ville deviennent mutualisables et réalisables en véhicules à faibles émissions

De la même manière que La Poste mutualise les livraisons urbaines de ses filiales, Urby consiste à mutualiser celles des autres transporteurs, avec le même objectif : réduire le nombre de véhicules en zone urbaine. Les transporteurs déposent leurs chargements dans des entrepôts en périphérie, et ceux-ci sont ensuite distribués en véhicules propres dans les enseignes et commerces de la ville. Une solution logistique qui offre aux commerçants de nombreuses facilités, dont le stockage d’articles, la livraison de clients particuliers directement depuis l’entrepôt, la récupération de recyclables, etc.

Le réseau Urby compte aujourd’hui 7 sites en France (Grenoble, Toulouse, Lyon, Montpellier, Clermont-Ferrand, Saint-Étienne et Bordeaux), ils seront 22 à l’horizon 2020 [lire article À Grenoble, des solutions de logistique urbaine innovantes et durables avec Urby].

La Poste publie un cahier sur la logistique urbaine qui dresse un panorama des solutions mises en place en France et ailleurs dans le monde, avec des éléments de prospective sur la logistique du futur : La logistique urbaine au service de la ville durable (PDF - 2,8 Mo - version du 18 avril 2019).