Publié le 3 octobre 2023

Qualité de vie au travail : une plateforme courrier teste le port d'exosquelette

Depuis mai 2023, des agents de production volontaires participent à une expérimentation à la plateforme industrielle courrier (PIC) de Lempdes (63). Effectuant un travail de manutention qui engendre des efforts physiques, ces derniers sont assistés par un exosquelette afin de vider les tapis roulants des machines de tri grand format.

C'est équipé de son exosquelette que Jean-Marie Boilon, postier depuis plus de trente ans, se dirige vers son poste de travail. Jean-Marie est agent de production. Il travaille régulièrement sur le chantier "fond de trieuse objets plats", un tapis roulant chargé de récupérer des bacs contenant des objets plats de grand format, triés par la machine : une tâche qui l’oblige à faire des mouvements répétitifs avec des charges qui peuvent être lourdes. Jean-Marie participe à l’expérimentation sur l’exosquelette depuis ses débuts. Houssine Bendamouh, jeune agent de traitement entré à la plateforme industrielle courrier (PIC) en début d’année, s’est lui aussi porté volontaire.

Depuis deux ans, la PIC de Lempdes, sous l’impulsion de sa directrice Marie-Laure Potec, fait de la santé au travail un fil rouge. Le comité de direction et le CHSCT (comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail) cherchent en continu des solutions pour prévenir les troubles musculo-squelettiques et améliorer la vie au travail. L’exosquelette, un appareil de moins de 2kg porté par l’agent, à mi-chemin entre un gilet et un baudrier, fait partie des solutions proposées. Concrètement, l'exosquelette consiste en un système de sangles permettant un réglage ajusté à la morphologie. Il renvoie une partie de la charge sur des muscles moins utilisés par rapport à leur capacité, notamment ceux des cuisses. L'exosquelette allège ainsi la zone dorso-lombaire et oriente la posture afin d’éviter des mouvements délétères ou des torsions.

La PIC de Lempdes a rejoint une expérimentation plus large, menée par la direction exécutive courrier industriel logistique (DEXCIL) avec plusieurs plateformes industrielles courriers. "C'est un projet qui a maintenant cinq ans et sur lequel nous avons fait beaucoup d'essais. Nous avons testé différents modèles. Notre interrogation est la suivante : les exosquelettes peuvent-ils rendre service aux postiers lors d’opérations de manutention ?" avance Béatrice Gourmaud, ergonome à la direction technique. 

L’expérimentation à la PIC se déroule en plusieurs étapes depuis le mois de mai 2023. Un appel à volontariat a été mené. Philippe Chardonnet, encadrant de nuit, s’est beaucoup investi sur le sujet : "Lorsqu’on m’a présenté le projet, j’ai trouvé que c’était une bonne initiative. Globalement, celle-ci a été très bien accueillie".

Les volontaires ont rencontré le médecin du travail pour vérifier leur aptitude à porter l’exosquelette. Ils ont ensuite découvert le matériel, appris à le régler et l’ont porté de façon progressive sur des périodes courtes. Certains ont souhaité ou ont été contraints d’arrêter l’expérience en cours de route et d’autres, comme Houssine et Jean-Marie, la poursuivent. L’équipe médicale et le comité de pilotage, très présents tout au long du test, prennent note des ressentis et rediscutent à chaque étape des suites à donner.

L'exosquelette est une solution qui s’inscrit parmi d’autres actions menées sur l’amélioration des conditions de travail.

En septembre dernier, Béatrice Gourmaud et deux autres ergonomes sont venus à Lempdes pour réaliser des relevés physiologiques sur Jean-Marie, Houssine et Lionel, un collègue testeur de l’équipe nuit. Ils leur ont posé des capteurs pour mesurer la différence en termes d’effort et de stratégie gestuelle avec et sans l'exosquelette. Font-ils plus d’effort ? Font-ils le même geste ? Font-ils plus de torsions ? Font-ils plus de pas ? Les données chiffrées seront prochainement analysées et permettront de déterminer la suite de l’expérimentation.

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