Publié le 11 janvier 2019

Le numérique ? Pas sans les femmes !

Le secteur du numérique est relativement jeune et en pleine expansion, or les femmes n’y occupent déjà qu’une place marginale. Engagée depuis longtemps dans un combat en faveur de la parité hommes-femmes, La Poste, par la voix de Nathalie Collin, directrice générale adjointe du Groupe La Poste en charge du numérique et de la communication, appelle les femmes (et les hommes) à ne pas laisser se reproduire un phénomène connu sur le marché du travail : la surreprésentation des hommes dans les secteurs à fort potentiel.

Beaucoup l’affirme, et l’explosion du secteur leur donne aujourd’hui raison,  l’avenir sera numérique. Or, étrangement, le nombre de femmes travaillant dans le numérique a été divisé par deux en 30 ans (lire l'étude de l'INSEE). D’où une question, faussement naïve : pourquoi les femmes laissent aux hommes le champ libre pour décider de l’avenir ?

On pourrait dire qu’on ne leur laisse pas le choix. Que l’on dresse devant elles des obstacles qui les dissuadent de se porter sur le secteur du numérique. Il est vrai qu’aujourd’hui seulement 9% des start-up sont dirigées ou fondées par des femmes et, fait significatif, elles rencontrent plus de difficultés à obtenir des financements. Il est donc probable que des facteurs d’exclusion sont à l’œuvre…

Mais cela n’explique pas tout. Des stéréotypes sociaux, partagés par les hommes et les femmes, produisent des effets sur les choix professionnels des uns et des autres, sous forme d’encouragement d’un côté et d’(auto)exclusion de l’autre.

Ces stéréotypes sociaux s’appuient sur des figures emblématiques, comme le nerd, popularisé dans les années 80, dont le geek actuel est la version édulcorée : technophile, peu soucieux de son apparence, ne communiquant qu’avec ses semblables… il n’est définitivement pas de sexe féminin. Or c’est lui qui a façonné le « standard » du développeur informatique tel qu’on le voit partout aujourd’hui, avec un message subliminal adressé aux femmes : « ceci n’est pas votre univers ».

On pourrait se prêter au jeu des associations et se demander à quel sexe on attribuerait plus volontiers les mots virtuel, immatériel, conceptuel, abstrait… Y répondre, c’est commencer à comprendre pourquoi si peu de femmes poursuivent des études en physique, mathématiques ou informatique, du moins en Europe et aux USA (lire l’étude de l’Unesco).

L’univers du numérique est aujourd’hui un lieu de conquête agressive dans lequel les femmes restent secondes alors qu’elles ont un rôle important à jouer : faire en sorte que la révolution numérique soit une émancipation pour elles et pour les minorités délaissées, pour que le monde numérique soit le reflet du monde réel. Les jeunes générations de femmes doivent investir le numérique, y gagner leur place. Si elles se mobilisent, dans ce domaine comme dans tant d’autres, les femmes sont l’avenir du numérique.

Nathalie Collin

Directrice générale adjointe du Groupe La Poste en charge du numérique et de la communication

Ces stéréotypes sociaux reposent largement sur l’idée que les hommes et les femmes auraient des dispositions et des inclinaisons « naturelles », qui leur ouvriraient ou fermeraient certaines activités professionnelles. La combativité attribuée aux hommes et la tempérance aux femmes, par exemple. Vu ainsi, il serait assez « normal » que les traders ne comptent que 23% de femmes. En revanche, on s’explique moins pourquoi il n’y a que 30% de femmes ambassadrices. Peut-être parce que la nature n’a rien à voir avec tout cela, et qu’il s’agit juste de légitimer une situation qui se reproduit depuis la nuit des temps : quand un métier où un champ professionnel est prometteur, en termes de bénéfices financiers ou symboliques, il est investi par les hommes, et dès qu’il ne tient plus ses promesses, il est désinvesti, donc ouvert aux femmes. Un peu comme si, depuis que les femmes ont massivement rejoint le marché du travail, elles n’occupaient que les places que les hommes veulent bien leur concéder.

Nathalie Collin ne dit pas autre chose lorsqu’elle exhorte les femmes à s’engager dans le numérique, et à se rendre visible lorsqu’elles y sont parvenues. Il n’est pas acceptable que les femmes soient tenues à l’écart d’un secteur d’activité en forte croissance et porteur de profondes transformations sociétales. Il faut lancer l’alerte, donner l’exemple, déconstruire des stéréotypes, inciter les femmes à prendre (leur) part au devenir d’un secteur d’avenir.

Dans cette perspective, deux actions concrètes au service de la parité hommes-femmes dans le numérique ont été lancées à l’occasion du CES 2019 :

  • À chaque grand événement numérique auquel elle participe (CES, Lab Postal, VivaTech), La Poste soumettra au vote deux projets déposés par des femmes sur la plateforme de financement participatif KissKissBankBank, et elle financera à hauteur de 50% celui sera élu. Dans le cadre du CES 2019, c’est la start-up Map Patho qui a remporté le premier coup de cœur La Poste #FemmesDuNumérique.

  • Une première « Rencontre des femmes du numérique », en partenariat avec La Tribune, a eu lieu le 8 janvier au CES. La prochaine se déroulera en mai 2018 à Paris. Le rendez-vous sera régulier. Objectif : réunir, autour d’une thématique, des femmes issues du secteur du numérique, de l’entrepreneuriat et engagées dans la mixité, avec une invitée ou un invité spécial à chaque rencontre.

Ces actions complètent celles qui ont déjà été menées dans le cadre de deux partenariats :

  • La Poste est partenaire de la 3e édition du prix « Business with Attitude » lancé par Madame Figaro et qui récompense une créatrice d’entreprise innovante. Claude Terosier, fondatrice de Magic Makers, lauréate du prix en 2017, est présente sur le stand de La Poste French IoT au CES 2019. La lauréate 2018 sera présente sur le stand La Poste à VivaTech 2019.

  • La Poste est également partenaire fondateur de la fondation Femmes@Numérique, qui rassemble des associations, des entreprises et l’État pour promouvoir la parité hommes-femmes dans tous les secteurs de l’économie, et plus spécifiquement dans les secteurs de la technologie, des sciences et du numérique.

Cet engagement se poursuivra par de nouvelles initiatives :

  • Faire en sorte qu’il y ait 50% de femmes lauréates du prochain concours French IoT.

  • Créer un Club de femmes du numérique à La Poste intégrant des femmes présentes sur des métiers du numérique ou qui s’y intéressent.

  • Valoriser des parcours de femmes qui occupent des fonctions essentielles dans la transformation numérique de La Poste.

Autant d’actions qui peuvent contribuer à rééquilibrer la part des femmes dans le numérique, et leur permettre à elles aussi d’agir sur l’avenir de l’intelligence artificielle, de la smart city, de l’e-santé, de la domotique… Sur notre avenir en somme.

  • 52,4%

    de femmes à La Poste

  • 49,5%

    de femmes parmi les cadres de La Poste

  • 30%

    de femmes parmi les membres du comité exécutif de La Poste

    (contre 13,4% en moyenne nationale)